03.08.2023
La culture, disait l’académicien français Edouard Herriot, c’est ce qui reste quand on a tout oublié. De la série de nominations opérées, voici 48 heures, par le Président de la République, on peut tout oublier. Sauf le double changement à la tête du binôme du nec plus ultra de l’appareil sécuritaire du pouvoir. À savoir le Conseil national de sécurité (CNS) et l’Agence nationale de renseignements (ANR). Pour un big event, c’en est assurément un.
Par rapport à la conjoncture particulière que traverse le pays, impossible de ne pas se perdre en conjectures sur les ressorts de ce tsunami au cœur ou à la cime-c’est selon du dispositif sécuritaire du Régime.
À cinq mois de la fin constitutionnelle du bail du Président au Palais de la nation, se délester – façon un coup deux flammes- de deux hommes-clés du maillage sécuritaire du pays n’a rien d’anodin. D’autant que les « heureux promus » ne sont pas de figures en vue au sein de la fatshisphère. Et pourquoi ne pas le souligner sans tomber dans l’essentialisation, la stigmatisation ou encore le tribalisme à rebours, les deux nouveaux « securocrates » n’ont rien à voir avec le fief « sociologique » du Président.
Est-ce une manière pour « notre Fatshi national » de décliner enfin le « je vous ai compris » ? Auquel cas, qui s’en plaindrait ? Ce ne sont bien sûr pas de feedbacks sur les abus, dérives en matière du respect des droits de l’homme qui ne remonteraient pas au big boss.
Rien que les séquences peu élogieuses -c’est un euphémisme à tirer par les cheveux- à l’instar des arrestations attentatoires à la procédure de certains opposants comme Salomon Kalonda, des obstructions au déplacement comme durant les années de plomb indiquent que le chemin emprunté n’est pas conforme à l’idéal pour lequel l’UDPS disait se battre.
Alors, le tandem Essambo-Lusadisu constituerait-il la surprise du chef ? Cet attelage d’un théoricien et professionnel du droit et un toubib doublé d’officier supérieur à la retraite aurait-il la saveur de ce bon vin qui se bonifie avec le temps et qu’on sert à la fin ?
Si l’exercice présidentiel procédait de ce nécessaire nettoyage des écuries d’Augias, les Congolais pourraient réciter en chœur « mieux vaut la fin d’une chose que son commencement» .
Mais, si, en revanche, s’il s’avérait qu’il s’agit d’un énième jeu des chaises musicales sur fond de plus ça change, plus c’est la même chose cher à l’écrivain Emmanuel Karr, le Président aurait déshabillé Pierre pour habiller Paul.