09 07, 2024
’Nous demandons une réévaluation de la politique des affectations dans les extensions, tenant compte de l’état de santé des personnes missionnées, des objectifs poursuivis et des moyens rendus disponibles. La situation de prêtres mis à la disposition de votre Eminence, qui sont hébergés à la Maison Jean-Jacques Olier et au Centre Catholique Nganda, ainsi que celle des prêtres qui travaillent dans la périphérie de notre Archidiocèse sont une inquiétude majeure’’, écrit le Clergé de Kinshasa au Cardinal Fridolin Ambongo, dans un message intercepté ce week-end sur la toile.
Message du Clergé de Kinshasa au Cardinal fridolin Ambongo, Archevêque métropolitain de Kinshasa
Eminence,
- C’est avec un réel plaisir que nous, Clergé de Kinshasa, avons reçu votre invitation à cette Journée du Clergé diocésain de Kinshasa
(Cf. Le communiqué de la Chancellerie, Prot. N.161/24, du 17 juin 2024), qui est une première dans notre Archidiocèse, et nous saluons l’initiative. Nous vous en félicitons et souhaitons que cette journée soit instituée dans notre Archidiocèse.
- Notre pays est confronté à une crise multiforme qui risque de le conduire à l’implosion et à la balkanisation. Corruption aggravée, détournements de deniers publics, extrême pauvreté de la population, inégalités exponentielles, salaires impayés, chômage des jeunes, insécurité, agression dans l’Est du pays, etc.
Les maux sont légion
Nous saluons votre engagement personnel pour la justice, la vérité et la paix dans notre pays. Nous vous rassurons de notre indéfectible soutien dans cette mission prophétique.
- Nous saisissons cette opportunité pour raviver votre mémoire sur les malaises toujours persistants et exacerbés dans notre Archidiocèse.
De façon générale, ces malaises concernent la synodalité.
Les termes de ces malaises peuvent être éclatés en sept (7) points.
a. La relation Archevêque-prêtre de plus en plus toxique : indifférence dans le cas de deuil (notamment des parents des abbés) ou de maladie, le manque de confiance et de considération envers les abbés kinois dans la provision des offices, le non-respect des structures établies, etc.
Par exemple, on a créé des structures qu’on ne consulte, pourtant, pas dans la prise de certaines décisions pastorales ou qui sont tout simplement restées formelles notamment, le Conseil presbytéral qui ne s’est pas réuni pendant une année, le Collège des consulteurs qui ne siège plus, et le Conseil pour les affaires économiques qui n’existe que de nom.
Les prêtres de Kinshasa, nous sommes vos premiers collaborateurs.
Nous avons introduit le texte des Statuts de notre Assemblée du Clergé Kinois auprès de votre haute autorité pour approbation.
Nous sommes toujours dans l’attente de la suite réservée à ce texte de nos Statuts.
b. La vie spirituelle : Les conditions matérielles d’organisation des retraites et des récollections sont de plus en plus déplorables et laissent à désirer (2 à 3 personnes dans une chambre lors de la dernière retraite), financement problématique, inexistence d’animation spirituelle du Clergé par l’Archevêque lui-même, etc.
c. La vie économique, matérielle et financière : la définition et l’application d’un statut financier des prêtres de Kinshasa qui les met à l’abri de besoins deviennent de plus en plus urgentes. Aujourd’hui, on ne connait pas la rémunération assurée aux abbés.
En cette matière, il y a beaucoup d’inégalités et de discriminations qui ne favorisent pas la fraternité et la cohésion.
Tout cela est contraire à la synodalité.
d. La politique économique et de gestion de l’Archidiocèse est opaque. Elle n’est pas transparente. Ce qui favorise un climat de suspicions, de préjugés.
Jusqu’à ce jour, nous n’avons fait aucune évaluation de la redevance. La rétrocession n’existe pas. Le moment n’est-il pas venu de procéder à l’évaluation de la politique financière et économique de notre Archidiocèse ?
A quand le budget prévisionnel annuel et le rapport financier ? Quelle est la situation du patrimoine du diocèse notamment, la résidence Sainte Anne, le Centre Béthanie, la maison Jean-Jacques Olier, le cimetière de Saint Kaggwa, les antennes de télécommunications érigées dans certaines paroisses, sans oublier nos séminaires ?
e. Le tout économique, avec la consécration du personnage du Conseiller financier, dont l’étendue du pouvoir est sans précédent, risque d’étouffer sensiblement la vie du diocèse et d’hypothéquer l’avenir. Dans un contexte de crise économique avérée, les plans de masse, par exemple, mettent en difficulté quasiment toutes les paroisses. Ils ne semblent pas réalistes par rapport au pouvoir d’achats de nos fidèles.
Les paroisses se voient dépouiller de leurs écoles, construites grâce au dur labeur des pauvres fidèles. Cette situation entrave ainsi la promotion de l’autonomie relative des paroisses ; principe pourtant consacré dans les Options et Directives Pastorales de 2020 (cf . n. 95).
f. La prise en charge alimentaire et sanitaire des prêtres et des séminaristes laisse à désirer. Il y a des cas de santé qui nécessitent une prise en charge immédiate, notamment celui des Abbés Makolo, Nsenga, Koko, etc.
Vu l’état de santé dégradant et aggravant de ces confrères, nous demandons leur hébergement au Centre Catholique Nganda avec des services médicalisés, en attendant leur prise en charge optimale.
Pour une alimentation saine des futurs prêtres et leur prise en charge mentale, nous proposons d’engager dans les séminaires des experts en nutrition, en diététique et en psychologie. On ne peut pas lésiner sur les moyens en ce qui concerne la santé. La santé n’a pas de prix, dit-on. Notre Clergé vieillissant appelle d’urgence à l’aménagement d’un home médicalisé pour les prêtres âgés, fatigués et malades. Nous demandons la relance et la matérialisation du projet de construction de ce home au site de l’actuelle Maison Jean-Jacques Olier.
g. La situation de prêtres mis à la disposition de votre Eminence, qui sont hébergés à la Maison Jean-Jacques Olier et au Centre Catholique Nganda, ainsi que celle des prêtres qui travaillent dans la périphérie de notre Archidiocèse sont une inquiétude majeure.
Nous demandons une réévaluation de la politique des affectations dans les extensions, tenant compte de l’état de santé des personnes missionnées, des objectifs poursuivis et des moyens rendus disponibles.
- Pour conclure, nous réaffirmons notre attachement à vous notre Père-Evêque et vous rassurons de notre franche collaboration.
Nous espérons que vous réserverez une suite positive à ce message qui appelle à un travail d’analyse en profondeur de la situation de notre Archidiocèse par les structures reconnues canoniquement et d’autres à créer pour les besoins de la cause.
Fait à Kinshasa, le 04 juillet 2024
Pour l’ACKIN
Professeur Abbé Okalema Pashi Placide
Président