16 10 2023
Face à la hausse vertigineuse du prix du maïs à Mbuji-Mayi, le ministre de l’Agriculture propose deux solutions, à court et à moyen termes. Me José Mpanda a notamment fait recours au stock de maïs produit par la société Bio agro business (B.A.B) dans l’une des six bases agricoles du Programme volontariste agricole (PCA), en attendant la récolte de manioc et maïs dont les semences améliorées, les engrais ainsi que les matériels aratoires sont distribués aux agriculteurs locaux encadrés par les inspecteurs de l’agriculture et les moniteurs agricoles formés et outillés.
C’est ce qu’on appelle solutionner durablement un problème majeur. Alors que la campagne agricole 2023-2024 lancée depuis le 2 septembre se poursuit à travers le pays, Mbuji-Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï oriental est de nouveau frappé par une crise de maïs. Comme en mai dernier où une délégation du gouvernement central a dû se rendre en Zambie et en Afrique du sud pour acheter du maïs, la mesurette de 2,5 kg communément appelée « Meka » de cette denrée alimentaire qui se vend habituellement en 3 000 FC se négocie actuellement entre 6 500 FC et 8 000 FC.
Cette fois-ci le gouvernement a trouvé une solution localement.
Arrivé à Mbuji-Mayi ce dimanche 15 octobre dans le cadre de la continuité de sa caravane agricole, le ministre de l’Agriculture a annoncé deux solutions efficaces pour juguler cette crise : la première, conjoncturelle, en vue de soulager dans l’immédiateté la population de cette détresse et la seconde, structurelle, visant à éviter à ce que pareille crise ne se reproduise dans l’avenir.
La première consiste en la mise sur le marché du chef-lieu du Kasaï oriental de plus de 500 tonnes de maïs produit par la société B.A.B.
Au moins dix véhicules de 25 tonnes chacun sont mobilisés pour assurer le transport de ce maïs.
D’après Me José Mpanda, ce maïs sera stocké dans des cantines installées dans les cinq communes de Mbuji-Mayi où il sera vendu à un prix social, autrement dit à bas prix.
Selon les estimations des experts de son ministère, ce stock va juguler la grande carence constatée habituellement au mois de novembre.
Entre temps, les semences améliorées de maïs, manioc et d’autres maraîchères ainsi que des engrais et petits matériels aratoires à distribuer aux paysans et petits agriculteurs regroupés au sein de différentes coopératives agricoles vont pousser, avec la possibilité d’arriver à maturité entre décembre et janvier prochains, pendant que le stock de B.A.B sera en train d’être consommé.
José Mpanda est déterminé à implémenter ce cycle structurel qui s’aligne dans le cadre de la vision du président Félix Tshilombo celle de la revanche du sol sur le sous-sol.
Pour assurer la proximité des inspecteurs provinciaux et territoriaux de l’agriculture avec les paysans et les petits agriculteurs dont ils ont la mission d’encadrer, former et contrôler même dans les coins les plus éloignés, il a apporté une moto à chacun.
Les inspecteurs provinciaux ont d’ailleurs suivi récemment un séminaire de compréhension et d’appropriation de la nouvelle approche de l’agriculture-business, à Kinshasa, à l’issue duquel ils ont signé un contrat de performance avec l’autorité de tutelle basé sur l’obligation de résultat.
Lire à ce sujet RDC : José Mpanda engage les ministres et inspecteurs provinciaux de l’agriculture dans l’agenda de transformation agricole du gouvernement
Logiquement, ils n’ont pas droit de ne pas réaliser les missions leur assignées.
Les notabilités mobilisées
Signe qu’il veut voir les deux solutions (conjoncturelle et structurelle ) porter les fruits escomptés pour le bonheur de la population, Me José Mpanda a, aussitôt arrivé à Mbuji-Mayi, tenu une réunion au gouvernorat avec les fermiers et autres représentants des petits agriculteurs à la houe, conjointement avec la gouverneure ad intérim du Kasaï oriental.
Il a été question de leur expliquer son approche d’une agriculture-business, qui veut que l’agriculture ne soit plus gérée comme un programme mais plutôt comme une entreprise, mettant au centre le privé, le gouvernement jouant son rôle de régulateur et de facilitateur.
« Après discussion et échange, ils se sont convenus de la création d’une structure devant superviser, non seulement la distribution équitable des semences, engrais et petits matériels agricoles par lui apportés, mais aussi encadrer et contrôler leurs bénéficiaires pour un rendement meilleur. Pour cela, la structure mise en place devra identifier les vrais agriculteurs, les vrais producteurs et les vraies coopératives opérant dans cette province du Kasaï oriental pour éviter de tomber dans les erreurs du passé dont on déplore aujourd’hui les conséquences néfastes », rapporte la cellule de communication du ministère de l’Agriculture.
Elle signale que pour le transport des semences, des engrais, des motos et du petit matériel aratoire, le ministère de l’Agriculture a loué deux cargos, l’un qui a atterri à Mbuji-Mayi, pour desservir trois provinces, à savoir le Kasaï oriental, la Lomami et le Sankuru ; et l’autre cargo qui doit arriver ce lundi à Kananga transportant les intrants du Kasaï central et du Kasaï.
« Le ministre José Mpanda se dit déterminé à changer de paradigme sur la conception de l’agriculture en vue de diminuer progressivement ce, grâce à la production locale, les importations de denrées alimentaires qui coutent annuellement à la République au moins 3 milliards USD », martèle-t-on.
Par ailleurs, pour ce qui est de PVA, il faut dire que c’est un programme initié par le gouvernement congolais et placé sous la supervision du ministère de l’Agriculture pour produire et booster la production locale selon les zonages dans six sites disséminés dans six provinces. Il s’agit notamment du Kongo central à Nkundi, Kinshasa à Mongata, Kasaï oriental à Nkuadi, Kasaï central à Lubondayi, Sud-Kivu à Ruzizi et Haut-Lomami à Sakadi. Tous ces sites ou bases agricoles sont gérés par B.A.B, partenaire impliqué dans ce programme par le gouvernement.