11.06.2024
Quatre candidats belges originaires de la République démocratique du Congo ont été élus députés aux élections fédérales et régionales du 9 juin en Belgique sur une centaine qui y avait pris part, a constaté ce lundi 10 juin 2024 l’ACP.
Selon les résultats définitifs, Pierre Kompany (Les Engagés, 7.872 voix) et Lydia Mutyebele (PS, 7.871 voix) sont élus à la Chambre des représentants (Parlement fédéral), tandis que Gladys Kazadi (Les Engagés, 3.871 voix) et Bertin Mampaka (MR, 2.637 voix) le sont au Parlement bruxellois.
Pierre Kompany (16ème) et Lydia Mutyebele (17ème) se retrouvent dans le Top 20 des personnalités les mieux élues du Parlement fédéral belge, qui compte 150 députés.
Aucun des quatre candidats d’origine congolaise n’a réussi à décrocher un siège au Parlement européen, malgré l’impressionnant score de 22.000 voix obtenu par Dorcas Kazadi pour sa première participation à ce niveau de scrutin.
À décharge pour les nombreux candidats malheureux de la communauté congolaise, la plupart d’entre eux faisaient leurs premiers pas dans la politique belge.
D’autre part, les quatre personnes élues exerçaient déjà un mandat électif, dans un système qui favorise, à coup sûr, les candidats les mieux classés sur les listes des partis.
Qu’importe, comme l’avait si bien énoncé le Baron Pierre de Coubertin, «le plus important dans la vie, ce n’est point le triomphe, mais le combat. L’essentiel n’est pas d’avoir vaincu, mais de s’être battu ».
Victoire de la droite et du centre droit
Ces élections européennes, fédérales et régionales organisées dimanche 9 juin en Belgique ont été remportées par les partis politiques de droite et du centre-droit dans les trois régions du pays, selon les résultats définitifs publiés lundi par le ministère de l’Intérieur.
Au niveau fédéral en Flandre, c’est-à-dire à la Chambre des représentants, les Nationalistes flamands (NVA) ont remporté 24 sièges (sur les 150 que compte l’hémicycle), barrant la route au Vlaams Belang (extrême droite xénophobe), pourtant en tête dans les sondages, mais qui n’a recueilli que 20 sièges.
Les deux partis sont suivis par Vooruit (Socialiste) avec 13 sièges. Les chrétiens démocrates du CD&V obtiennent 11 sièges et devancent les libéraux de l’Open VLD, formation politique de l’actuel Premier ministre Alexander De Croo, en larmes dimanche soir à la télévision. Son parti s’est littéralement effondré, n’obtenant que 7 sièges (contre 12 en 2019). Le Premier ministre a remis ce lundi la démission de son gouvernement au Roi. L’exécutif fédéral est donc entré en affaires courantes.
Victoire historique des Libéraux francophones
Chez les francophones au fédéral, le Mouvement réformateur (MR, libéral), avec 20 sièges à la Chambre des représentants, dépasse pour la première fois le Parti socialiste (PS) qui connait un net recul et ne présente que 16 députés sous la nouvelle législature. Il convient de noter le succès du Parti du travail de Belgique (PTB) qui remporte 15 sièges, devenant la troisième formation politique, devant les Engagés (ex-CDH).
Avec 14 sièges, ces derniers redressent la tête et constituent une formation pivot pour la formation de la future majorité au parlement, eux qui n’avaient récolté que 5 sièges en 2019, un score qui les avait envoyés dans l’opposition. Avec trois sièges seulement, les Verts (Ecolo), quant à eux, connaissent une véritable déroute électorale par rapport à 2019, lorsqu’ils alignaient 13 députés.
Les libéraux francophones réalisent également une performance au niveau régional, en Wallonie et à Bruxelles.
En Wallonie, avec 26 sièges (sur 75 députés au Parlement régional), ils devancent largement leurs adversaires socialistes, qui ne recueillent que 19 sièges, contre 23, en 2019.
Les Engagés, avec 17 députés contre 10 précédemment, arrivent en troisième position devant l’extrême gauche du PTB, qui recule de dix à huit sièges. Comme aux élections fédérales, les Verts connaissent une nouvelle débâcle en Wallonie, passant de 12 à 5 députés.
Au regard de ces résultats, les Socialistes pourraient être renvoyés dans l’opposition si les Libéraux s’allient aux Engagés, puisque les deux formations alignent une majorité confortable de 43 sièges, ce qui n’est jamais arrivé.
Dans la région de Bruxelles, le PS, avec 16 sièges contre 17 précédemment, est dépassé par le MR qui devient le premier parti avec 20 sièges.
Les deux partis devancent le PTB (15) et les Engagés (8). Les Verts s’écroulent, reculant de 15 à 7 sièges. A Bruxelles comme en Wallonie, les Libéraux et les Engagés sont maîtres du jeu.
Aux élections européennes, les Libéraux conduits par l’ancienne Première ministre Sophie Wilmès, qui a recueillent plus de 545.000 voix de préférence, ont raflé 3 sièges (contre 2 en 2019) sur les 22 qui reviennent à la Belgique.
Sophie Wilmès devance l’ancien Premier ministre socialiste Elio Di Rupo qui a obtenu 180.000 voix de préférence.
La NVA et le Vlaams Belang récoltent 3 sièges chacun, tandis que le PS, le CD&V, les Engagés, Vooruit et le PTB en ont deux chacun. Les Verts en conservent un sur les deux sièges acquis en 2019.
Qui peut être le prochain Premier ministre ?
Dans la nouvelle Chambre des représentants, le parti nationaliste flamand NVA est la première formation politique, avec 24 sièges. Son président, Bart De Wever, revendique avec raison le poste de Premier ministre.
Il pourrait former un gouvernement fédéral avec le MR, les Engagés, le CD&V et Vooruit (socialiste flamand), ce dernier étant prêt à monter au gouvernement sans le parti frère francophone (PS).
Les Engagés, auréolés par leurs succès électoraux, sont sans exclusive, ne refusant de coopérer qu’avec les « extrêmes » (Vlaams Belang et PTB).
Du côté francophone, le MR dispose également d’atouts et pourront prétendre au « 16, rue de la Loi », bureau du Premier ministre. Mais pour cela, il faudrait l’accord de la NVA, difficile à obtenir.
Cependant, lorsqu’on regarde la composition de la Chambre des représentants, la famille socialiste (PS et Vooruit) aligne 29 sièges, soit le groupe politique le plus important, contre 27 sièges pour les Libéraux.
Que va-t-il se passer ? Le dernier mot revient au Roi. Tout semble donc simple, mais comme on dit avec humour en Belgique, « si vous comprenez la politique belge, c’est qu’on vous l’a mal expliquée ».