12/10/2023
L’épouse d’Ali Bongo, Sylvia Bongo Ondimba, a été incarcérée ce jeudi 12 octobre dans le cadre d’une enquête pour détournement de fonds publics. L’ex-Première dame gabonaise, dont le mari a été éjecté du pouvoir par un coup d’État cet été, va « plaider la remise en liberté » lors d’une prochaine audience.
L’épouse franco-gabonaise de l’ex-président du Gabon Ali Bongo, Sylvia Bongo Ondimba Valentin, en résidence surveillée depuis le coup d’Etat militaire qui a renversé son mari fin août, a été incarcérée à la prison centrale de Libreville.
L’ex-première dame avait été inculpée notamment de « blanchiment de capitaux et de faux et usages de faux » le 28 septembre et a été « incarcérée provisoirement » jeudi à 1h du matin, au terme d’une nouvelle longue audition par un juge d’instruction, a assuré ce jeudi son avocate Me Gisèle Eyue-Bekale.
Cette dernière a sollicité et obtenu un renvoi pour une audience dans dix jours, laquelle lui permettra de « plaider la remise en liberté ».
Accusée de détournement d’argent public avec son fils
L’ex-Première dame est au cœur d’une enquête plus vaste sur des détournements massifs d’argent public en compagnie de son fils Noureddin Bongo Valentin, déjà incarcéré comme six de leurs proches, ex-responsables du cabinet présidentiel, selon des sources judiciaires concordantes.
Les militaires qui ont renversé Ali Bongo en accusant son entourage d’avoir truqué sa réélection, soupçonnaient publiquement l’ex-Première dame et Noureddin d’avoir « manipulé » l’ex-président souffrant des séquelles d’un grave AVC en 2018, et d’avoir été les « véritables » dirigeants de facto du pays depuis cinq ans.
Noureddin Bongo est en prison depuis le premier jour du coup d’Etat, inculpé notamment de « corruption » et « détournements de fonds publics ».
Le fils d’Ali Bongo en prison
Ali Bongo avait été placé en résidence surveillée le jour du putsch mais déclaré libre de ses mouvements une semaine après. Les militaires ont semblé le mettre rapidement hors de cause considérant qu’il était « manipulé » par son épouse et leur fils.
La nuit même du putsch, Noureddin Bongo ainsi que plusieurs de ses jeunes proches et proches de sa mère au sein du cabinet présidentiel avaient été arrêtés et montrés au pied d’innombrables malles, valises et sacs débordant de billets de banque pour des centaines de millions d’euros saisis à leurs domiciles.
Trois semaines plus tard, Noureddin Bongo et six autres ont été inculpés et incarcérés notamment pour « corruption, détournements de fonds publics, blanchiment de capitaux, association de malfaiteurs, falsification de la signature du président de la République et trouble des opérations électorales ».
Deux anciens ministres (Pétrole et Travaux publics), proches de Noureddin, ont également été écroués.
Sylvia Bongo, une figure qui cristallise la haine contre le clan Bongo
« La Première dame et Noureddin ont gaspillé le pouvoir d’Ali Bongo », assénait le 18 septembre le général putschiste Oligui. « Parce que depuis son AVC, ils ont falsifié la signature du président, ils donnaient des ordres à sa place », en plus « du blanchiment d’argent et de la corruption ». « Qui dirigeait le pays » alors ?, se demandait-il.
Sylvia Bongo cristallise, notamment depuis l’AVC de son époux, une certaine forme de haine dans une partie de la population, qui transparaissait régulièrement dans les médias non gouvernementaux et sur les réseaux sociaux. Elle y était accusée, ainsi que Noureddin, d’être à la tête d’une « légion étrangère » dirigeant le pays en sous-main et détournant « massivement » des fonds placés, selon leurs détracteurs, sur des comptes à l’étranger, dans des sociétés-écrans dans des paradis fiscaux et dans des achats d’immeubles de prestige à Londres ou ailleurs.