Maître Médard Palankoy Lwakas a été enlevé par le Conseil national de cyberdéfense depuis le 14 mars 2025 dans son bureau de travail. Cet état de chose n’est pas de nature à plaire au consortium des organisations non gouvernementales des droits de l’homme qui s’est réuni mercredi 23 avril 2025 au centre culturel Boboto, dans la commune de la Gombe pour condamner et dénoncer, avec fermeté, l’enlèvement et la détention extrajudiciaire prolongée de cet avocat inscrit au tableau du barreau de Kinshasa/Gombe, détenteur d’un numéro d’ordre 382 et défenseur engagé des droits humains en RDC.

« Selon les informations à notre disposition, Maître Palankoy est détenu arbitrairement par le Conseil national de cyberdéfense sans qu’aucune charge formelle ne lui ait été notifiée et tout accès à sa famille et à ces avocats lui ait dénié », lit-on dans leur déclaration.
Pour le consortium des organisations non gouvernementales des droits de l’homme, cette situation constitue une « violation flagrante de ses droits fondamentaux » tel que garanti par différents instruments juridiques et internationaux, notamment le droit à la liberté et à la sûreté de sa personne, le droit à un procès équitable devant son juge naturel, le droit à l’assistance d’un conseil de son choix et le droit de recevoir les visites de ses proches. Il dénonce également la « confiscation arbitraire » de son passeport, restreignant ainsi sa liberté de mouvement en dehors de tout mouvement de justice alors que sa fuite n’est pas à craindre.
Cette union des ONG des droits de l’homme en RDC déplore le « silence assourdissant » du barreau de Kinshasa/Gombe qui a pourtant pour mission de défendre l’indépendance de ses membres et garantir les principes de l’État de droits.
À travers cette déclaration, le consortium des droits de l’homme en RDC a réitéré son engagement de ne jamais abandonner son combat de dénoncer fermement des pratiques de « criminalisation de l’exercice de la profession d’avocat et le recours à des organes non judiciaires pour enlever, séquestrer et détenir les citoyens congolais en violation flagrante de leurs droits ». Raison pour laquelle le consortium des ONG des droits de l’homme s’interroge sur les attributions du Conseil national de cyberdéfense.
Ce regroupement des acteurs de défense des droits de l’homme constate « avec regret » que c’est seulement après l’avoir détenu pendant plusieurs jours que cette structure a sollicité la cellule nationale des renseignements financiers pour que celle-ci puisse enquêter sur son cas sans transfert préalable devant les juridictions compétentes.
« Si les personnes accusées d’atteinte à la sûreté de l’État ou de tentative de coup d »Etat bénéficient d’un traitement judiciaire formel, à combien plus forte raison un avocat de son État ? », s’interroge le consortium.

À ce sujet, une série d’exigences a été faite, notamment la libération immédiate et inconditionnelle de Maître Médard Palankoy ou son déferrement sans délai devant son juge naturel, si des charges fondées pèseraient sur lui ; la restitution de son passeport et de tout autre document détenus indûment par le Conseil national de cyberdéfense et la cessation de harcèlement administratif ou professionnel à l’égard des membres de son cabinet et de sa famille ; la prise de position claire du barreau de Kinshasa/Gombe et de l’ordre national des avocats ; l’ouverture d’une enquête indépendante sur les abus commis par les agents du conseil national de cyberdéfense et la fin des impunités pour les auteurs de détentions arbitraires et de violation des droits de l’homme.
Par la même occasion, le consortium des ONG des droits de l’homme appelle le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) d’ouvrir une enquête sur cette « détention arbitraire », de documenter les violations des droits à la défense et de plaider activement pour la libération immédiate ou la présentation de l’intéressé devant son juge naturel, conformément avec les engagements de la RDC au titre du pacte international relatif des droits civils et politiques. Il demande aussi à la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) de se saisir de ce cas sans délai, de mener une mission d’investigation indépendante, de formuler des recommandations aux autorités concernées et de publier un avis officiel sur cette détention qui « heurte gravement les droits garantis par la constitution congolaise ».
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