20 03, 2024
Un coin du voile s’est levé dans
l’affaire de l’invalidation de deux
benjamins d’âge à la Chambre basse
du Parlement.
Dans les annales de l’Assemblée
nationale congolaise, c’est la première
fois que cette institution républicaine
vient d’enregistrer à la fois l’invalidation
de ses deux benjamins d’âge, Serge
Bahati et Toto Matembo. Invalidation
dont la suite connaitra une précipitation
inexplicable. Car, aussitôt que les arrêts
de la Cour constitutionnelle ont été rendus
publics, la machine administrative s’est
mise immédiatement en branle. Sans
procéder à la remise-reprise, les deux
benjamins d’âge ont été remplacés à la
vitesse de l’éclair.
Des confidences recueillies dans les
couloirs de l’Assemblée nationale, on
laisse entendre que pendant la législature
passée, les deux benjamins ont traversé
une situation difficile au niveau du Bureau
d’âge. Les finances de cette institution
législative étaient creuses, au point que
certaines commissions parlementaires
ne fonctionnaient pas faute des moyens.
Tel est le cas de la Commission chargée
de l’élaboration du règlement intérieur
bloquée. Il fallait avant tout liquider
quelques factures et des primes en faveur
des membres pour relancer la machine.
Serge Bahati qui n’est pas demeuré
indifférent à cette situation, a entrepris
des démarches auprès des banques
commerciales de la place, afin de
trouver des appuis financiers. Au niveau
de Raw Bank, Serge Bahati a sollicité
quelques crédits qui selon lui, seront
remboursés au banquier aussitôt que le
gouvernement créditera leurs comptes.
A son grand étonnement, il apprendra
qu’un compte de l’Assemblée nationale
logé à cet établissement bancaire,
pouvait résoudre sa demande. Solution
trouvée, Serge Bahati a couru voir l’un
des responsables de son institution pour
débloquer la situation.
Un chèque établi, voilà comment ce benjamin par ses initiatives, a pu redonner les moyens à une commission d’élaboration du règlement intérieur dont les membres se tournaient les pouces. Voilà qui a attiré la sympathie de tous les membres de l’Assemblée nationale qui ne juraient plus que par lui.
Si jeunesse savait, l’adage s’est une fois
de plus vérifié au Parlement. On attendait
de le porter au Bureau définitif, mais voilà
qui lui a certainement attiré des ennuis
politiques.
Serge Bahati écarté ! On se pose des
questions comment cela est-il arrivé ?
Avec ses 14.000 voix récoltées à Kabare,
il s’est affiché comme le meilleur élu.
Claude Nyamugabo qui venait derrière lui
n’avait jamais déposé un recours contre
lui. On ne comprend pas comment le
meilleur élu peut être éliminé comme
par un coup de baguette magique. Il y a
anguille sous roche.
Pourtant, certaines voix se soulèvent
pour rappeler une jurisprudence de
la Cour constitutionnelle de 2018 qui
nous remontent en mémoire. A cette
époque, cette haute cour avait largement
dépassé le délai légal de rendre ses
décisions. Certains candidats députés
passaient la nuit sur la pelouse avec
des couvertures. Scènes ubuesques ! La
Cour constitutionnelle s’était ressaisie et
a prononcé ses arrêts.
Et comme si cela ne suffisait pas, des erreurs matérielles recensées dans plusieurs affaires ont permis à cette haute juridiction de créer une commission spéciale qui a examiné les erreurs matérielles soulevées.
On se rappellera que bon nombre des
députés ont été reconnus définitivement
élus, soulageant des millions de
compatriotes qui avaient investi énergie,
fonds importants et mobilisé des fortes
équipes de campagne. Et pourquoi n’en
serait-il pas de même de nos jours où
des contestations reposant sur des faits
avérés interpellent nos consciences
et nous invitent à écrire notre histoire
politique sans la travestir, ni maquiller.