09.04.2024
Les 2 900 soldats, mal équipés et déployés depuis mi-décembre par l’Afrique du Sud dans la région du Nord-Kivu, pour soutenir la RDC face aux groupes rebelles, sont sous pression : logistique défaillante, sous-financement, équipements vétustes, véhicules en panne…
De récents épisodes tragiques accentuent également les critiques au sein de la nation arc-en-ciel. La mort de deux militaires tués par un tir de mortier visant leur base, mi-février, a provoqué des polémiques et des questionnements en Afrique du Sud.
L’Alliance démocratique (DA), principal parti de l’opposition, a ainsi dénoncé la participation du pays à la mission de paix organisée par la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), dont le coût pour la South African Defence Force (SANDF) s’élève à environ 40 millions d’euros. De l’argent public qui pourrait être utilisé pour créer des emplois dans un pays rongé par le chômage et les inégalités économiques, estiment certains Sud-Africains.
Selon le DA, l’armée n’est pas non plus en mesure d’entreprendre de telles missions, faute de support aérien. Les forces terrestres sud-africaines sont plutôt compétentes pour effectuer des opérations, mais sans support aérien ou logistique, elles sont très limitées, confirme Lindy Heinecken, professeure de sociologie militaire à l’Université de Stellenbosch. La chercheuse affirme que l’armée n’a pas su se restructurer ces 30 dernières années. Faute de moyens, avec un budget toujours plus maigre (à peine 1 % du PIB, contre une moyenne mondiale de 2 %), elle utilise aussi toujours les technologies et véhicules datant d’avant les années 1990.
Près de 12 500 soldats déployés
La SANDF a beau être à court de moyens (budgétaires, humains, matériels), elle est quand même déployée sur six missions qui mobilisent 12 473 militaires, selon des chiffres officiels tirés des décrets présidentiels qui fixent les effectifs maximums.
Depuis octobre 2023, plus de 2,5 millions de personnes ont été déplacées et des centaines d’autres ont trouvé la mort, tandis que la poursuite du conflit menace de déstabiliser davantage la région.
Riche en coltan, l’est de la RDC possède également des réserves d’or et d’étain. Ces ressources ont longtemps été une source de conflit entre les différents groupes armés qui s’en disputent le contrôle, malgré la pression internationale et les accords de paix visant à résoudre le conflit. La région sert de point de transit clé pour le commerce et l’aide humanitaire.