27.03.2024
Considéré par les autorités congolaises comme le parrain du M23, mouvement « terroriste » opérant au Nord-Kivu, Paul Kagame, président du Rwanda, fustige l’intervention de l’armée sud-africaine en appui aux Forces armées de la RDC. Selon lui, le contingent sud-africain déployé dans l’Est de la RDC dans le cadre de la Mission de la SADC (SAMIDRC) ne devrait pas combattre ceux (terroristes du M23) qui « défendent leurs droits ».
Le chef de l’Etat rwandais trouve légitime le combat mené par le M23 en coalition avec les RDF (armée rwandaise), accusant l’administration Tshisekedi de « persécuter » les Tutsi congolais. « Ils sont 100 000 ici, en tant que réfugiés au Rwanda. Ils sont ciblés et déracinés de l’Est de la RDC », a-t-il dénoncé dans une interview accordée à Jeune Afrique.
Dans ce contexte, qui n’est rien d’autre que la dénaturation de faits, Paul Kagame estime que l’Afrique du Sud a donc « tort » d’appuyer les autorités congolaises contre ceux qui, dit-il, sont « victimes » des discours de haine.
« L’Afrique du Sud a tort. Compte tenu de son histoire, de ses relations avec les autres pays, pourquoi devrait-elle s’impliquer là-dedans ? Je ne comprends pas comment l’Afrique du Sud, en connaissance de cause, accepte de combattre aux côtés des FDLR, des génocidaires qui ont assassiné notre peuple. Je ne comprends pas non plus comment l’Afrique du Sud pourrait se rendre en RDC pour lutter contre des gens qui se battent pour défendre leurs droits. Le M23 et ceux qu’il représente sont privés de leurs droits à la citoyenneté et à la nationalité. Pourtant, ils sont congolais, (Félix) Tshisekedi ne le nie même pas. Ils sont ouvertement persécutés et victimes de discours de haine », a-t-il déclaré.
Kinshasa a toujours dénoncé cet « alibi » utilisé par Kigali pour justifier son « agression ».
« L’illusion de grandeur que se fait le Rwanda le pousse à croire qu’il a acquis un droit naturel de se mêler impunément des affaires internes de ses voisins », a condamné la RDC lors de la dernière réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur cette crise, en février, estimant que le M23 est le « bras armé du Rwanda en RDC » et l’accusant d’être une des causes principales de la crise sécuritaire au Nord-Kivu ainsi que dans la région des Grands Lacs.
Pour le gouvernement congolais, c’est l’administration Kagame qui bloque les initiatives de paix issues des processus de Nairobi et de Luanda, pour mener une « colonie d’exploitation et de peuplement » en RDC afin de contrôler les institutions congolaises.
Les présidents Félix Tshilombo et Paul Kagame pourraient se rencontrer dans les prochains sous la médiation de l’Angolais João Lourenço. Mais la RDC exige d’abord du Rwanda qu’il retire sans condition ses troupes et cesse tout soutien aux membres du M23, qu’elle a qualifié de « terroristes ».