09 11, 2023
Une ordonnance de mise en accusation a été rendue par les juges d’instruction français du pôle crimes contre l’humanité à l’encontre de l’ancien chef de guerre congolais Roger Lumbala pour « complicité de crimes contre l’humanité », comprenant notamment des meurtres, actes de torture, viols, pillages et réduction en esclavage, y compris esclavage sexuel, commis en République démocratique du Congo (RDC) entre 2002 et 2003.
Cette ordonnance retient également contre le président du RCD-N, l’entente en vue de commettre des crimes contre l’humanité. Ainsi, pour Clooney Foundation for Justice (CFJ), Justice Plus, Minority Rights Group (MRG) et TRIAL International (TRIAL), cette mise en accusation est un pas vers la justice pour les survivants d’atrocités de masse en RDC
Roger Lumbala a été arrêté à Paris en janvier 2021. Son groupe armé, le Rassemblement congolais pour la démocratie Nationale (RCD-N), et ses alliés, auraient commis des atrocités au cours de l’opération militaire « Effacer le tableau » menée dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Cette opération avait pour but de prendre le contrôle de zones riches en ressources naturelles situées à l’Est du pays.
Roger Lumbala est poursuivi pour avoir donné les ordres des tortures et d’avoir aidé ou assisté les troupes du RCD-N en fournissant le ravitaillement nécessaire et en laissant les combattants placés sous son autorité et son contrôle commettre ces crimes.
« Ce procès représenterait une opportunité sans précédent pour les victimes congolaises, les survivants et leurs communautés. Ce sera la première fois qu’un tribunal national jugera les crimes de masse commis en RDC durant ces années. Cela montre que les auteurs de telles atrocités ne peuvent rester impunis », a déclaré Daniele Perissi, responsable du programme Grands Lacs de TRIAL.
Plus de 20 survivants ont fait le voyage en France pour témoigner lors de l’instruction et ont été admis comme parties civiles à la procédure tout comme plusieurs ONGs nationales et internationales de défense des droits de l’homme.
Cette procédure a été rendue possible en France grâce au principe de compétence universelle qui préconise que certains pays peuvent poursuivre les crimes les plus graves, et ce indépendamment du lieu où ils ont été commis ou de la nationalité de leurs auteurs ou de celle des victimes.