07 03, 2024
Plusieurs grandes agglomérations sont passées ces dernières 72h, sous contrôle des rebelles du M23/RDF dans la chefferie de Bwito (territoire de Rutshuru), au Nord-Kivu. La dernière entité conquise par les rebelles est Kibirizi, une cité stratégique de Bwito qui est entièrement occupée depuis le matin de ce jeudi 7 mars.
« C’est depuis hier que le M23 occupait déjà une partie de Kibirizi. Alors, les militaires des FARDC de Kibirizi ont décidé de quitter, peut-être pour éviter d’éventuels dégâts collatéraux. La, je suis en train de fuir et je vais d’ici là arriver à Kanyabayonga. Nous passons par la brousse pour atteindre Kanyabayonga. Nous fuyons les bombardements. Les gens sont en train de mourir lors des explosions des bombes », témoigne d’un habitant de Kibirizi, sur son chemin de refuge.
Des entités, comme Nyanzale, Katwe, Rwahanga, Kabanda, Kirima, Kashalira et autres sont également occupées par le M23/RDF.
Jusqu’à 22h locales de mercredi, la coalition FARDC-Wazalendo résistait face aux rebelles vers Tongo Rushovu, plus précisément à Bungushu et Kiyenje. Nos sources précisent que les FARDC et les Wazalendo ont, tout de même, réussi à reprendre le contrôle de la localité de Kikuku.
Ces affrontements provoquent des déplacements massifs des habitants. Ils se déplacent les uns dans vers le territoire de Walikale, d’autres à Kanyabayonga, Kayna, Kirumba et environs (territoire de Lubero). D’autres encore prennent la direction de Rwindi et Vitshumbu (territoire de Rutshuru). Nombreux autres déplacés se sont réfugiés dans des brousses aux environs de Kibirizi.
« Nous avions alerté depuis longtemps que cette guerre n’était pas qu’une simple guerre. L’ennemi ne cesse de gagner du terrain et ce sont nos compatriotes qui sont contraints à l’errance. Si nous acteurs locaux, étions écoutés à l’époque lorsqu’on alertait sur le renforcement du M23, nous n’allions pas pu en arriver là où nous sommes maintenant. Allez voir comment la cité de Kanyabayonga est maintenant débordée suite à l’arrivée massive des déplacés. Plutôt que de continuer à déclarer la guerre, il serait mieux de décréter un cessez-le-feu afin d’éviter une catastrophe humanitaire qui conduirait à plusieurs morts parmi les déplacés qui manquent de tout », regrette pour sa part, le fonctionnaire délégué adjoint du gouverneur dans la chefferie de Bwito, Isaac Kibira.
De son côté, Etienne Kambale, acteur de la société civile du Nord-Kivu indique que les FARDC doivent être dotées d’une logistique imposante comme celle dont disposent les rebelles du M23/RDF afin de pouvoir vaincre cette guerre. Il appelle les dirigeants congolais à faire recours à d’autres puissances internationales, comme la Russie et la Chine afin d’acquérir un arsenal militaire capable de faire face au M23/RDF.
« Plusieurs entités sont en train de tomber et nous pensons que ceux-là qui sécurisent Lueshe ne pourront pas tenir longtemps, d’autant plus que plusieurs entités environnantes de la mine de Pyroclore de Lueshe à Somikivu sont déjà contrôlées par les forces rwandaises. C’est pour cette raison là que nous demandons au Chef de l’État de solliciter l’aide de la Chine et de la Russie pour que nous puissions avoir réellement une force qui peut faire face à l’ennemi. Si ce n’est pas le cas, c’est une balkanisation qui est en train d’être concrétisée », alerte Etienne Kambale, acteur de la société civile du Nord-Kivu.
Et de poursuivre : « Quand ils vont contrôler la plupart de nos villages, il nous sera très difficile de rentrer dans ces villages. Ces villages seront gérés comme on gère le Canada, l’Australie et tous les autochtones de ces entités ne pourront plus accéder à leurs terres et ils vont amener d’autres citoyens des pays de la région qui vont rester dans nos villages et la plupart des autochtones de ces entités seront tués petit à petit pour qu’ils puissent disparaître, voilà l’approche ».
Les combats font rage dans la chefferie de Bwito qui abritaient déjà des camps des déplacés notamment à Nyanzale. Les populations locales et les déplacés ont été obligés de fuir une nouvelle fois. Le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) estime à plus de 100 000 le nombre de personnes qui ont quitté Nyanzale et les entités environnantes suite aux récents combats.