A Montréal, où s’est tenue la 49ème session de l’APF -Assemblée parlementaire de la Francophonie-, Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale de la RDC -République démocratique du Congo-, a arraché le soutien de plus de 34 pays francophones.
Ces pays ont voté en faveur de l’adoption d’une Résolution condamnant le Rwanda et l’Ouganda, pour leur implication dans la déstabilisation de la RDC, non sans exiger le retrait, du sol congolais, des troupes rwandaises et ougandaises. Cette résolution n’est pas moins qu’une victoire obtenue grâce à la diplomatie parlementaire de Vital Kamerhe, qui a ainsi produit ses premiers fruits. Et ce, en moins de deux mois depuis son come-back au perchoir.
Suisse, Sénégal, Côte d’Ivoire figurent parmi ces pays francophones ayant reconnu le rôle du Rwanda et de l’Ouganda dans l’agression de la RD-Congo, sous couvert des rebelles du M23. Les présidents de l’Assemblée nationale de ces trois pays ont posé, mardi, aux côtés de Vital Kamerhe au terme de la séance d’audition des discours de différentes délégations parlementaires, affichant davantage leur soutien à la RD-Congo, victime d’agression aussi bien de la part du Rwanda que de l’Ouganda.
«Nous soutenons la paix, le dialogue, la diplomatie parlementaire, mais aussi le droit international. Le fait que les frontières internationales soient respectées, c’est très important. Vous avez tout mon soutien», a dit le président de l’Assemblée nationale suisse à son homologue congolais.
Kamerhe dénonce, Ouganda reconnu pays agresseur de la RDC
Dans son discours d’investiture à la présidence de l’Assemblée nationale, prononcé en mai dernier, Vital Kamerhe a dénoncé l’implication de l’Ouganda dans la détérioration de la situation sécuritaire dans l’Est de la RD-Congo. Moins de deux mois après, des experts des Nations-Unies ont produit un rapport dont les conclusions ont confirmé les affirmations du speaker Kamerhe.
En marge de la 49ème session de l’APF, Kamerhe, en plus de condamner ces deux pays voisins, a dénoncé «l’hypocrisie» de la Communauté internationale pour son «silence assourdissant», alors que «deux pays africains -Ouganda et Rwanda- sont sur le territoire RD-congolais avec leurs troupes et lancent des missiles avec des armes sophistiquées».
Mushikiwabo, la SG rwandaise de l’OIF, déboussolée
L’APF, en adoptant la Résolution condamnant le Rwanda et l’Ouganda, à la suite de la dénonciation de la guerre d’agression faite par Vital Kamerhe, lors de la session ordinaire de Montréal, a pris de court la secrétaire générale de l’OIF -Organisation internationale de la Francophonie-, Louise Mushikiwabo.
De nationalité rwandaise, Mushikiwabo a omis de citer le conflit dans l’Est de la RDC, le plus grand pays francophone, alors que dans son mot, du haut de la tribune de l’APF, elle a énuméré des pays pris en sandwich par des bruits des bottes.
De quoi irriter Kamerhe qui n’a pas fait dans la dentelle pour s’en prendre, bien que dans un langage diplomatique, à Mushikiwabo.
« Je préfère croire que c’est un oubli plutôt qu’une subtile façon de ne pas citer la présence des troupes rwandaises sur le territoire RD-congolais ou des troupes ougandaises», a dit le président de l’Assemblée nationale.
La secrétaire générale de l’OIF, déboussolée, s’en est tirée la queue entre les pattes, refusant de se prêter au jeu de question-réponse avec la presse. Pendant ce temps, Kamerhe, qui n’a pas trouvé «meilleure tribune que la 49ème Session de l’APF», a joué et gagné, en arrachant cette Résolution qui somme le Rwanda, membre de l’OIF, et l’Ouganda à retirer, de la RDC, leurs troupes.
La RDC et sa faible délégation à l’APF Vital Kamerhe a remporté une précieuse bataille diplomatique pour la RDC, alors qu’il a conduit, à Montréal, l’une de plus faibles délégations parlementaires ayant participé aux travaux de l’APF.
«Nous sommes au total huit députés et deux sénateurs, au moment où le pays hôte, le Canada, la France frôlent la quarantaine», a-t-il révélé. Par conséquent, la RDC a été absente aux travaux de deux commissions mises en place, en marge de la 49ème session de l’APF.
Suffisant pour causer du regret dans le chef de Kamerhe, dépité de voir la RDC absente dans des cadres stratégiques d’orientation et de prise des décisions pendant que le pays, agressé, se doit d’être au rendez-vous de toutes ces réunions stratégiques.
En RDC, Vital Kamerhe a été pris à partie quand a fuité, dans les réseaux sociaux, l’ordre de mission relatif à la participation des parlementaires congolais à la 49ème session de l’APF. D’aucuns ont estimé que la délégation de la RDC a «inutilement été importante» et que «deux à trois députés pouvaient bien représenter le pays».
Face à la réalité du terrain et aux pays qui ont dépêché des délégations importantes, alors qu’ils ont des soucis moins costauds que ceux de la RDC, le tollé suscité par l’ordre de mission de Kamerhe aura été «inutile».