11 07 2023
Six routes terrestres et lacustres utilisées pour acheminer le coltan extrait des mines d’Edouard Mwangachuchu Hizi au Rwanda
Des tonnes de coltan, minerai stratégique, sont exploitées et exportées illégalement des mines de la famille du député Edouard Mwangachuchu Hizi, actuellement jugé par la Haute cour militaire. Des groupes armés organisent les trafics, avec l’implication présumée des forces de sécurité.
Des tonnes de coltan, minerai stratégique, sont exploitées et exportées illégalement des mines de la famille du député Edouard Mwangachuchu Hizi, actuellement jugé par la Haute cour militaire. Des groupes armés organisent les trafics, avec l’implication présumée des forces de sécurité congolaise.
Autour de la ville de Rubaya, dans le territoire de Masisi (Nord-Kivu), la production et l’exportation de coltan par la Société minière de Bisunzu (SMB) restent paralysées.
L’entreprise, détentrice du stratégique permis 4731, n’a plus le droit d’opérer depuis l’arrestation, le 1er mars, de son dirigeant, le député Edouard Mwangachuchu Hizi, qui n’est plus impliqué dans la gestion et s’est délesté de toutes ses actions en 2017.Figure tutélaire des Tutsis congolais, il est jugé devant la Haute cour militaire, entre autres pour trahison, atteinte à la sûreté de l’Etat, détention illégale d’armes et munitions de guerre, de même que pour sa collusion présumée avec le mouvement rebelle du M23.
Une récente enquête menée par la société civile du Nord-Kivu, transmise à Kinshasa et consultée par Africa Intelligence, a identifié six routes terrestres et lacustres prétendument utilisées pour acheminer le coltan extrait du permis 4731 au Rwanda. Selon les enquêteurs locaux, des centaines de tonnes de minerai par mois transitent par Goma et Mweso, en traversant une zone contrôlée jusqu’en avril par le M23, ou embarquent sur le lac Kivu à partir de Minova, Kalehe, et Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu. Là encore, la responsabilité de cadres et d’officiers des FARDC est pointée du doigt.
Inquiétudes des Etats-Unis
Contacté, le gouverneur militaire du Nord-Kivu, le lieutenant-général Ndima Kongba n’a pas souhaité s’exprimer sur le dossier.
En son nom, des panneaux ont récemment été plantés autour de la mine pour rappeler l’interdiction d’accès. Et la Cooperamma a tenu une réunion le 23 juin près de Rubaya, dans la ferme de l’homme d’affaires Patrick Rwiyereka Nkusi avec des représentants de l’International Tin Research Institute (ITRI) et de la division des mines du gouvernement militaire du Nord-Kivu, accompagnés d’éléments de la force de l’East African Community (EAC). Consigne avait été auparavant donnée de tenir à l’écart les membres des milices et les creuseurs.
Selon nos informations, la police des mines du Nord-Kivu, en partie formée par l’International Narcotics and Law Enforcement affairs (INL) du département d’Etat américain, envisage de dépêcher une mission sur place.
L’administration américaine est particulièrement préoccupée par le sort réservé à la SMB et par l’ampleur de la fraude concernant le coltan, un minerai stratégique pour son industrie civile et militaire.