18.01.2024
Inédit. Des animateurs des institutions provinciales à Kinshasa se retrouvent dans la rue, déguerpis après avoir accumulé plus de 24 mois d’arriérés de loyer. Selon des témoins, ces institutions ont été chassées, telles des mal propres il y a de cela trois semaines.
L’acte est intervenu après plusieurs sommations du bailleur aux autorités urbaines, afin de rentrer dans ses droits, ont expliqué nos sources, précisant qu’il s’agit des trois ministères et trois commissariats généraux, qui louaient tous dans un même bâtiment, au centre-ville de Kinshasa.
« L’information a été étouffée par les autorités provinciales, aidées par l’attention du grand public qui était focalisée sur les élections et les festivités de fin d’année », ont-elles poursuivi.
Se retrouvent ainsi dans les rues depuis trois semaines, les ministères provinciaux des Travaux publics ; des Finances et économie ; de la santé ; du Commerce, Industrie et Actions humanitaires ; ainsi que les Commissariats généraux à l’Énergie, pêche et élevage ; à la Culture et arts ; et à l’Environnement.
Outre le déguerpissement, les ministres et commissaires provinciaux ont enregistré plus de 26 mois d’arriérés de salaire. Autre inédit depuis que Kinshasa est capitale de la RDC. Cette affaire, selon de nombreux observateurs, est un scandale de plus et insupportable que signe le gouverneur Gentiny Ngobila, dont la gestion s’est dévoilée catastrophique au fil des années.
Gentiny Ngobila se rebelle contre sa hiérarchie !
Attrapé « main dans le sac » dans la fraude électorale, pour avoir notamment occasionné le vandalisme des kits électoraux lors des législatives nationales couplées à d’autres scrutins le 20 décembre 2023, Gentiny Ngobila a été écarté de la course par la CENI, avant d’être mis à la disposition de la Justice par l’Assemblée provinciale de Kinshasa.
Indifférent, le Procureur général près la Cour de cassation a enclenché des enquêtes judiciaires et a intimé l’ordre à la police de migration d’interdire la sortie du territoire national de toutes les personnes indexées par la CENI comme fraudeur aux élections. Tirant les conséquences de toutes décisions, le VPM de l’Intérieur et sécurité a retiré à Ngobila et aux autres gouverneurs impliqués dans la tricherie pendant les scrutins leurs fonctions de chef d’exécutif provincial, question de permettre à la Justice de faire son travail. Ainsi, l’intérim a été organisé et confié aux vice-gouverneurs.
Curieux que cela puisse paraître, Gentiny Ngobila a urbi et orbi boudé l’ordre de son chef hiérarchique, le VPM de l’Intérieur, Peter Kazadi, refusant sa mesure qui l’éjecte de la tête de la capitale.
Dans sa correspondance envoyée au Premier ministre, Ngobila s’est victimisé en se considérant comme martyr, non sans qualifier d’arbitraire la décision de l’un des Warriors de Sama Lukonde, Peter Kazadi.
Pire, Ngobila n’est pas du genre à dissimuler sa rébellion. Elle la mène de manière frontale, en se pointant lundi dans son cabinet de travail, avec cortège et honneurs militaires, pendant que le gouverneur ai, Gecoco Mulumba, inspectait les travaux du stade des Martyrs, où sera organisée la cérémonie de prestation de serment du Chef de l’État.
Pendant ce temps, les autres gouverneurs accusés de tricherie sont rappelés à Kinshasa et font preuve de sagesse, en gardant silence au risque de poser des actes susceptibles de tourner à leur défaveur.
La « rébellion » menée par Ngobila depuis la fin de semaine dernière, fait remonter sur la surface de la mémoire des Congolais, les tristes souvenirs de la tragique histoire de Yumbi, localité de la province de Mai-Ndombe, où près de mille civils d’une même communauté ont été tués, alors que le désormais ex-gouverneur de Kinshasa administrait encore cette province de l’espace Bandundu.