À quelques mois d’un nouveau mandat présidentiel, la gestion du président Félix Tshisekedi suscite de vives critiques, non seulement dans l’opposition, mais aussi parmi ses anciens proches collaborateurs. À travers des déclarations publiques percutantes, ces figures ayant jadis œuvré aux côtés du chef de l’État peignent un tableau sombre de la gouvernance actuelle : détournements, corruption, manque de vision stratégique et déconnexion avec les aspirations populaires. Ces accusations méritent un examen approfondi, exemples et faits à l’appui.
Nicolas kazadi : des projets détournés avant même d’être lancés
L’ancien ministre des Finances, Nicolas Kazadi, n’a pas mâché ses mots :
« Nous aimons trop la jouissance. Nous commençons par partager l’argent des projets, puis nous réfléchissons après. »
Cette déclaration met en lumière un dysfonctionnement fondamental dans la gestion des finances publiques. Plusieurs projets majeurs annoncés en grande pompe par le gouvernement ont connu un sort funeste. Le projet Tshilejelu, destiné à la réhabilitation des routes urbaines à Kinshasa, a été bloqué après des décaissements massifs. Selon l’Inspection générale des finances (IGF), plus de 320 millions USD ont été engloutis, avec très peu de travaux exécutés.
Jean-marc kabund : une incompétence institutionnalisée
Jean-Marc Kabund, ancien vice-président de l’Assemblée nationale et longtemps bras droit de Tshisekedi, dresse un constat brutal :
« L’incompétence notoire, la mésgestion institutionnalisée, caractérisée par la jouissance et la prédation au sommet de l’État… »
Le dossier RAM (Registre des Appareils Mobiles), une taxe illégale perçue sur chaque téléphone mobile actif en RDC, symbolise cette prédation dénoncée. Malgré une opposition populaire farouche et un manque de transparence sur l’utilisation des fonds collectés (estimés à plus de 180 millions USD), le gouvernement avait maintenu cette mesure durant plus d’un an.
Fortunat biselele : la diplomatie des minerais au service d’intérêts privés
Fortunat Biselele, ancien conseiller spécial du président, a révélé un aspect troublant de la diplomatie congolaise :
« J’ai des minerais chez moi, vous avez le carnet d’adresses pour contacter les investisseurs… »
Ce type de discours suggère une marchandisation directe des ressources naturelles, sans cadre légal clair ni transparence. En 2022, plusieurs contrats miniers ont été attribués à des entreprises étrangères dans des conditions floues. Le cas de la société Alphamin à Walikale, qui exploite de l’étain dans l’est du pays, a soulevé des interrogations sur l’absence de retombées locales malgré une production en hausse.
Augustin kabuya : un pouvoir déconnecté du peuple
Même Augustin Kabuya, fidèle secrétaire général de l’UDPS, admet :
« Notre population… se rend compte que notre comportement démontre un manque d’intérêt pour ses préoccupations. »
Le mécontentement populaire est palpable. La montée du coût de la vie, les retards de paiement des fonctionnaires, les grèves dans les secteurs de la santé et de l’éducation, ainsi que l’insécurité persistante dans l’Est, ont provoqué une perte de confiance généralisée. Selon un sondage de l’Institut BERCI publié en 2024, 67 % des Congolais estiment que le pays est sur une mauvaise trajectoire.
Conclusion : une faillite étatique assumée par ses propres architectes
Quand ceux qui ont bâti et dirigé la gouvernance Tshisekedi dressent eux-mêmes un acte d’accusation aussi cinglant, cela révèle plus qu’un simple désaccord politique : c’est l’échec structurel d’un projet de société. Ces témoignages internes confirment ce que de nombreux observateurs et citoyens dénoncent depuis des années : une gestion axée sur les intérêts privés, l’improvisation, et un mépris du bien commun. Le prochain quinquennat devra affronter non seulement les défis économiques et sécuritaires, mais aussi une crise de légitimité et de crédibilité sans précédent.