24 novembre 2023
Martin Fayulu ne souhaite pas revivre l’amère expérience de 2018, lui qui revendique toujours la victoire à la présidentielle de cette-là. Ne pas avoir été proclamé président de la République a été une pilule amère à avaler. Le soldat devenu commandant du peuple semble être investie d’une mission : reconquérir le vote du peuple.
Pour sa pré-campagne et campagne électorale, son premier combat est l’intégrité du fichier électoral et de la cartographie électorale. La question de la candidature unique vient en second lieu. « Avoir un candidat unique est inutile si celui-ci risque de se faire voler la victoire », soutient-il. C’est le message que ses délégués ont transmis à Pretoria et à tous leurs interlocuteurs. C’est autour de ce combat que certains candidats se sont réunis récemment, d’abord au Centre d’Études Pour l’Action Sociale (CEPAS), puis au quartier général du candidat Théodore Ngoy, le plus juriste de tous les candidats.
Le premier communiqué était signé le 31 octobre, date à laquelle Moise Katumbi, Seth Kikuni et Franck Diongo étaient encore dans ce camp. Les discussions se sont poursuivies. Du 1ᵉʳ au 10 novembre, les délégués de 13 candidats ont en cette période participé à cinq séances de travail portant sur différentes thématiques liées aux « nombreuses lacunes dans la conduite et la gestion du processus électoral ».
Cependant, les échanges n’ont pas beaucoup progressé en raison des difficultés des leaders à se réunir et à trouver un consensus sur les stratégies communes et les actions d’ensemble. Parmi les options discutées, il y avait le ré-enrôlement de tous les électeurs pour garantir la qualité et l’actualisation des cartes d’électeurs, ainsi qu’un audit des duplicatas délivrés pour vérifier leur conformité à la loi. Toutefois, le nombre de candidats participants à ces travaux a commencé à diminuer progressivement.
Le 16 novembre, seuls 9 candidats, parmi lesquels Constant Mutamba et Seth Kikuni, étaient encore engagés, mais à des degrés divers. L’un des deux a confié à deux jours plus tard, son intention de se dissocier de ce groupe, arguant : « J’étais avec eux, mais je pense qu’ils ne sont pas réellement engagés dans la participation effective aux élections. Pour ma part, je pense que nous devrions y aller. Nous devons participer activement pour battre Felix Tshilombo ».
Ainsi, le 23 novembre, seuls six candidats, notamment Martin Fayulu, Denis Mukwege, Théodore Ngoy, Jean-Claude Baende, Nkema Liloo et Floribert Anzuluni, se sont retrouvés pour annoncer leur intention de porter plainte devant la Cour de cassation contre Denis Kadima, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), et Peter Kazadi, vice-Premier ministre chargé de l’Intérieur, les accusant d’abstention coupable.
80 % des cartes d’électeurs sont illisibles, car elles ont été imprimées de manière thermique. Cela signifie qu’il a été délibérément donné aux électeurs des cartes qui s’effacent », a expliqué Théodore Ngoy.
Pendant ce temps, Martin Fayulu a lancé sa campagne dans l’ex-province de Bandundu et annonce qu’il se rendra dans l’ex-province orientale, tandis que Floribert Anzuluni et Denis Mukwege se rendront dans la province du Sud-Kivu. Tous disent qu’ils ne boycottent pas les élections, mais ils qu’ils vont se battre pour des élections crédibles. Dans les messages, ils critiquent le bilan de Felix Tshilombo et accusent Denis Kadima d’avoir planifié une fraude électorale.
La stratégie semble être d’exercer une forte pression sur la CENI et la justice ainsi que de tenter de construire une brigade anti-fraude. « Nous devons révéler leur fraude et sauver le processus électoral. Nous ne tolérerons pas des résultats issus de la fraude », confie un candidat.
Le radicalisme avait trouvé un écho favorable auprès d’une grande partie de la population en 2018 face à un régime fragile et finissant. La même stratégie fonctionnera-t-elle encore en 2023 face à un candidat qui achève à peine son premier mandat, bénéficiant des attributs et des moyens de l’État et à la tête d’un parti populaire ? Ces avantages faisaient défaut à Joseph Kabila en 2018.
De plus, la pression sur la CENI n’a pas fonctionné depuis l’arrivée de Félix Tshilombo au pouvoir. Toutes les tentatives visant à obtenir des « réformes électorales consensuelles » n’ont pas abouti. Il n’est pas certain qu’à un mois des élections, cette pression soit plus efficace.