L’esquisse de l’Assemblée nationale de la prochaine législature s’est dégagée après la publication, dimanche aux premières heures, des résultats provisoires des législatives du 20 décembre dernier par la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS/ Tshisekedi), parti présidentiel, arrive, selon ces résultats, en tête des forces politiques dans la Chambre basse avec 69 élus, suivis de l’Union pour la nation congolaise (UNC) et ses alliés, sous la houlette de Vital Kamerhe, qui a raflé 36 sièges. Les deux formations politiques, sur le volet des voix recueillies durant les législatives par l’ensemble de leurs candidats, forment également le duo de tête avec 1.664.049 voix glanées par l’UDPS/ Tshisekedi contre 903.928 voix en faveur de l’UNC et ses alliés
Voici que comme au temps du Cap pour le changement -CACH-, cette coalition montée par Tshisekedi et Kamerhe à l’aune de la présidentielle de 2018, l’UDPS et l’UNC se retrouvent. Cette fois-ci auréolées du statut de deux premières forces politiques au sein de l’Assemblée nationale. Comme on se retrouve !
A l’instar des siamois, les deux formations ont, semble-t-il, le destin commun… du moins pour les cinq prochaines années encore durant lesquelles elles vont mener le peloton de l’Union sacrée de la nation (USN), cette famille politique née des cendres du CACH pour libérer le chef de l’Etat d’une épine dans sa jambe.
Kamerhe et son UNC, qui pèsent désormais 7,2% des sièges à l’hémicycle, sont rattrapés par le destin… probablement. Ils s’attendent, à n’en point douter, à être en avant-plan et à jouer un rôle plus important dans la mise en place des institutions pour la législature 2024-2029. Particulièrement, en ce qui concerne la formation du futur gouvernement, devant succéder à celui baptisé « équipe des Warriors » et conduit par Jean-Michel Sama Lukonde, sur le point de démissionner après son élection à Kasenga.
Figure quasi-incontournable du premier mandat de Félix Tshisekedi, l’ancien Dircab de ce dernier postule pour tenir les rênes au cours du quinquennat à venir, fort de trois autres sièges obtenus par l’entremise de la liste électorale du regroupement Alternative Vital Kamerhe 2018 (A/VK 2018). Autrement, Kamerhe, à lui seul, pèse 39 élus, soit quatre de plus que Modeste Bahati et ses alliés de l’Alliance des forces démocratiques du Congo (AFDC/A). Le Premier ministre Sama Lukonde, à la tête du regroupement « Agissons et bâtissons (AB) », arrive un peu loin derrière avec 26 sièges dans sa gibecière.
La success-story du SG Kambale
Des observateurs de la scène politique congolaise, qui évoquent déjà une heureuse ironie du sort en faveur de Vital Kamerhe, mettent en exergue la capacité de l’UNC, dans ce contexte politique hyper concurrentiel, de tirer son épingle du jeu et de continuer à tenir son rang aux côtés de l’UDPS dans la très grande famille de l’USN.
Les uns sont d’avis que ces résultats vont sortir des tiroirs certaines clauses de l’accord CACH, conclu à Nairobi en 2018. Particulièrement, celle relative à la Primature. En cette année-là, l’alors candidat Président de la République Félix Tshisekedi s’était allié avec Vital Kamerhe. Ce dernier s’était retiré de la course pour porter son « partenaire » jusqu’au sacre. VK avait la promesse d’être le Premier ministre. Ce qui n’était pas arrivé faute pour le CACH d’avoir une majorité au Parlement. Cinq ans plus tard, le train est repassé. Nous voilà dans une configuration qui place l’UNC en pole position pour prétendre prendre la succession Les autres par contre préfèrent s’incliner devant le quasi-parfait casting réalisé par Billy Kambale, président ai de l’UNC. Catapulté secrétaire général du parti kamheriste en juin 2021, Kambale, expliquent-ils, vient de prouver par a+b qu’il a les épaules pour diriger l’UNC, faisant davantage taire les critiques -y compris les plus acerbes- à son encontre.
Affectueusement surnommé « SG 5 étoiles », Kambale a offert à l’UNC sa moisson la plus abondante aux législatives. De 17 sièges en 2011 et 14 en 2018 à 36 élus en 2023, le parti a réalisé un bond très important et s’est adjugé des sièges dans des provinces où il a toujours fait piètre figure par le passé.
A Kinshasa comme au Kongo Central, l’UNC et ses alliés se sont offerts trois sièges, outre celui obtenu dans l’espace Bandundu grâce à Patrice Kitebi, élu à Kenge, dans le Kwango. Dans l’espace Equateur, le casting de Kambale a permis au regroupement de se taper trois sièges par l’action entre autres de Molendo Sakombi, qui s’est exilé à Mongala.
Le plus grand contingent d’élus pro Kamerhe provient de la Grande Orientale qui vient ainsi titiller le Grand Kivu, naturellement réputé bastion de l’UNC. Dix élus, dans chacune de ces deux régions, ont gagné le droit d’investir les travées du Palais du Peuple durant les cinq prochaines années.
L’UNC et ses alliés ont en plus réussi à faire bonne impression dans l’espace Kasaï, d’habitude archi-dominé par l’UDPS, en repartant de là avec 5 sièges dans son escarcelle. La moisson a cependant été maigre dans le Katanga avec seulement un seul siège conquis par l’entremise de Cedrick Tshizainga Kapumba, élu à Lubumbashi, chef-lieu du Haut-Katanga.
Vital Kamerhe Lwa Kanyiginyi, élu de Bukavu ville
XIII. Sankuru
Gustave Ohaki Andiyo, élu de Katako-Kombe
XIV. Haut-Katanga
Cedrick Tshizainga Kapumba, élu de Lubumbashi ville
XV. Kasaï Central
Marcel Tshipele Ntumba, élu de Kananga ville
Martin Ntenda Ntenda, élu de Kazumba
XVI. Kasaï
Lajeunesse Mandjuandjua Mayembe, élu d’Ilebo
Adrien Bokele Ajema, élu de Dekese.