- Depuis près de deux semaines, nous avons alerté et dénoncé le flou entretenu par le gouvernorat du Kasaï-Oriental concernant la somme de trois-millions de dollars américains perçus du Gouvernement central. Après la négation des faits dans un premier temps, le gouvernorat a avoué mollement, ce dimanche 05 janvier, avoir perçu ladite somme, arguant malencontreusement qu’il s’agit des fonds d’investissement. Selon le gouvernorat, cet argent serait affecté à la réalisation des projets dans les domaines routiers et de l’agriculture.
- La misère et l’impertinence de cette communication découlent de ce qu’elle ne peut aucunement couvrir la gestion calamiteuse caractérisée par la culture de la jouissance et de la cueillette qui s’est installée à la tête de la province du Kasaï-Oriental, notamment avec l’avènement de l’actuel exécutif. Comme illustré en résumé, à la place de se taire, le gouvernorat s’est exprimé pour s’éteindre en réalité.
- En effet, il y a eu une opacité ingénieusement entretenue dans le but de détourner cet argent au préjudice de la population martyre de notre province. Car, de principe, l’activation et le paiement, par le Pouvoir central, des crédits d’investissements au profit des provinces, ne saurait être possible sans le concours effectif de celles-ci. Il s’ensuit que le Gouverneur de province était au courant de la domiciliation de cet argent dans le compte de la province bien avant le mois d’octobre ou à tout le mois à cette date.
- Ainsi était-il tenu d’informer l’Assemblée provinciale afin d’obtenir la rectification de l’édit budgétaire, à défaut de l’intégration de ces crédits d’investissement dans le budget 2025 au titre de recettes exceptionnelles. Mais, la tendance à snober ou à flouer les élus provinciaux en vue de l’accaparement de cet argent a poussé l’autorité provinciale à solliciter l’autorisation d’un crédit de deux-millions cinq cent mille dollars américains. Ce crédit proviendrait de la Banque où sont logés les crédits d’investissement de la province.
- Heureusement, les élus provinciaux avaient eu la clairvoyance ainsi que le courage nécessaires pour rejeter cette demande qui voilait l’intention de détournement de l’auteur. Mais, au lieu de revenir à la raison, en respectant toute la procédure régissant les dépenses publiques, notre gouvernorat affirme que les preuves d’utilisation de ces crédits d’investissement seront produites après, parce que les appels d’offres auraient été déjà lancés. Comment pourra-il justifier un crédit non retracé dans les lignes budgétaires ?
Bien plus,aucune date en rapport avec le lancement desdits appels d’offre ou avec l’exécution des prétendus projets n’a été fournie. - Par ailleurs, il est admis que l’argent doit exister légalement avant le lancement de l’appel d’offre qui ne vise que l’exécution d’une dépense publique précise. Ceci signifie que les crédits d’investissement alloués à la province devaient être budgétisés avant l’engagement de toute dépense par l’autorité contractante. Cette condition n’ayant pas était remplie en l’espèce, aucun marché public ne peut être passé légalement contrairement aux allégations de l’autorité provinciale.
- Il est donc temps que les uns et les autres s’impliquent dans cette affaire pour que les filles et fils du Kasaï-Oriental soient servis loyalement, car face au peuple en détresse le silence d’un jour est tolérable, mais celui de chaque jour est condamnable. Tel est le sens et la condition d’existence de l’Etat.
A écrit l’Honorable Sénateur Alphonse Ngoyi Kasanji.